Cappucino

Iadviga venait de terminer l'installation dans son appartement. Elle y avait rangé ses affaires, mais veillant à laisser place égale aux colocataires qui ne devraient plus tarder à arriver. Le ciel était clairsemé de nuages gris, la pluie ne tarderait surement à venir se déverser sur le campus.

La jeune Russe ne souhait néanmoins pas rester enfermée dans son nouveau logement alors qu'elle avait pleins de lieux à découvrir. Elle revétit un trench blanc par dessus son chandail vert émeraude qui faisait ressortir tout l'éclat de son regard de méme nuance de tons. Une fois hors du quartier des appartements, elle se mit à flaner dans les rues, sans but précis à vrai dire.

Son téléphone portable se mit à sonner, et l'extirper de son sac et l'ouvrir constituait déja toute une épreuve car le mobile était équipé d'un clapet ont le mode de fermeture était décidèment bien trop compliqué, et donc celui d'ouverture de méme. Une fois décroché, elle reconnut au premier instant le ton inquièt de sa mère, qui s'interogeait sur le fait qu'Iadviga soit correctement installée. rappelons au passage qu'Iadviga avait quitté sa mère le matin méme, mais cette dernière continuait à se ronger les sangs pour sa fille, comportement des plus agaçant il fallait l'avouer. Entre son père qui autrefois la délaissait et sa mère bien trop protectrice, la jeune femme n'avait jamais trouvé de juste équilibre avec ses parents. De toute façon son paternel était défunt et elle pouvait s'installer seule, ayant atteint sa majorité il y a de cela trois mois.

Il fallut quelques minutes à Iadviga pour rassurer sa mère et raccrocher, maintenant devenue professionelle dans l'art de trouver des arguments pour la convaincre qu'elle se portait très bien. Soudain l'enseigne d'un Starbuck café se découvrit à elle à l'angle d'une rue. Parfait! Iadviga avait bien besoin d'une dose de caféïne... Elle fit la queue à l'intérieur et quelques instants après, elle vint s'asseoir dans un fauteuil noir, appuyant sa téte contre le cuir, essayant de ne pas penser aux milliers de gens qui y avaient probablement aussi déposé leurs cheveux, aussi gras soient ils... Elle trempa ses lèvres dans le cappucino brulant, bien que réconfortant car l'averse commençait à cet instant méme.

William, un peu plus loin, buvait son café seul, tout en lisant un magazine. Pas une connerie genre people, mais son magazine culte : Guitar Part. On y trouvait des tablatures, des plans de sons, des conseils et des interviews. Il avait découvert celà en lisant ceux qui dataient de 1996... un magazine très pratique car, en les lisant dix ans après leur sortie, ils étaient toujours utiles.

Relevant la tête, il regarda l'averse qui se déclenchait à la fenêtre. Quel temps... il remarqua une jeune fille qui venait de s'asseoir à une table non loin de lui. Seule, paraissait-il. William, qui ne perdait pas une occasion, s'approcha d'elle avec le prétexte suivant :

" Salut, dis-moi, tu n'aurais pas l'heure ? "

Iadviga tout en savourant son breuvage chaud délicatement surmontée d'un filet de caramel parcourait d'un oeil distrait la salle autour d'elle.

Se trouvaient là un couple dont les partenaire ne semblaient pas si bien s'entendre, une homme d'un certain age portant un pantalon assez extravagant ne serait ce que par ses couleurs, un jeune homme lisant un magazine traitant de la guitare dont Iadviga parcourait parfois l'édition Russe, et une femme aux cheveux roux portant d'énromes lunettes noires le, visage presque entièrement masqué derrière la revue de presse relatant le derniers faits de télé réalité.

La pluie frappait les carreaux du Starbuck, et l'ambiance ainsi que la chaleur qui y régnaient faisaient de ce lieu un véritable havre de bonheur. Iadviga hésita à sortir le roman qu'elle lisait en ce moment, une biographie d'Andy Warhol, car avec cet ouvrage dans les mains et son cappucino dans le seconde, elle serait probablement fort bien installée. Elle s'apprétait à se pencher vers son sac, quand le jeune homme plongé dans la lecture du journal musical s'approcha, l'interrogeant sur l'heure qu'il était. Iadviga consulta sa montre, elle lui indiqua:

"Il est quatorze heures quinze."

Iadviga repoussa sur ses épaules ses cheveux, qui étaient retombés sur son visage lorsqu'elle s'était penchée sur sa montre et jeta un oeil au magasine que tenait son interlocuteur, peut à l'idée d'y découvrir un quelconque nom de groupe.

" OK, merci. "

Il avait son après-midi devant lui, ce jour-là. Néanmoins, il ne voulait pas le perdre, ayant l'intention d'en profiter pour bosser les quatre premiers morceaux du répertoire de son nouveau groupe. Mais ça n'allait pas l'empêcher de bavarder un peu, et il n'avait pas envie de sortir tout de suite dehors avec ce temps. Il lança un regard curieux à la jeune fille, qui elle semblait s'intéresser au Guitar Part que William s'était apprêté à ranger. Ne perdant pas une occasion de faire des connaissances, il demanda :

" T'es à l'université d'à côté ? "

Il ne l'avait jamais vue avant elle non plus, mais c'était peut-être encore une première année. Avec les différences d'âges entre élèves de la même classe, il lui était impossible de savoir sans demander, même si celle-ci paraissait légèrement plus jeune que lui.

Iadviga répondit un vague merci. Le garçon lui demanda alors si elle était aussi élève à l'université d'à coté, le jeune Russe s'apprétait justement à lui poser la méme question. Elle sourit et répondit:

"Oui en effet. Toi aussi j'imagine?"

Le couple en désaccord apparemment à propos de l'avenir de leur enfant quitta précipitemment le café, peu couvert malgrès le temps glacial. Et si Iadviga trouvait le temps froid, c'est qu'il l'était vraiment car elle était habituée aux temps polaire de la Russie en hiver et ce n'était pas la frilosité qui l'étouffait. Finalement elle incita son interlocuteur à s'asseoir sur le fauteuil en face d'elle d'un geste de main, puis elle se présenta:

"Au fait, moi c'est Iadviga, et toi?"

William s'assit en face de la jeune fille, son café en main, tout en regardant avec un air malheureux le mauvais temps dehors.

" Ouais, j'y suis aussi, en deuxième année. Moi, c'est William. "

Iadviga... il n'avait jamais entendu ce prénom. Elle devait probablement venir d'ailleurs, mais elle n'était pas la seule, il y avait déjà pas mal de japonais à l'université. Même si elle n'était sûrement pas japonaise.

* Ca doit être un prénom de l'est, probablement... russe, peut-être. *

Enfin, d'où elle venait, il s'en fichait un peu dans le fond. Tout ce qui importait, c'était où elle était maintenant.

" T'étais déjà ici l'année dernière ? Je ne t'avais jamais vue... "

Iadviga vit le regard malheureux de son interlocuteur, ce dernier ne semblant pas apprécier la météo actuelle. de grosses bourrasques de vent venaient agiter les cheveux des apssants qui se pressaient tous à regagner leurs habitations respectives, afin de se mettre au chaud, à l'abri de l'averse, peu engageante c'était certain.

Iadviga dit au jeune homme qui répondait au nom de William:

"Non non..."

Elle but une georgée de son café et finit sa phrase:

"Pour tout dire je viens à peine d'arriver, je découvre."

Iadviga reposa sa boisson sur la table. Elle eut un petit sourire. Puis elle dit:

"Je ne connais que l'édition Russe de Guitar Part..."

William l'écouta. Effectivement, il ne s'était pas trompé... elle était russe, et venait d'arriver. Il lui sourit.

" C'est déjà ça, y'en a qui ne connaissent aucune des éditions... "

Si elle connaissait ce magazine, alors elle devait sans doute en jouer un peu. Mais il s'arrêta là, il n'allait pas parler guitare à chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un. C'était sa passion, mais il fallait bien parler d'autres choses, s'il ne voulait pas être ennuyeux.

" Okay... tu dois pas connaître beaucoup de monde, alors. "

* Voire personne... ça explique pourquoi elle est seule. Remarque, moi aussi je suis seul. *

" Je suis en deuxième année, et je connais le coin... si tu veux connaître les lieux intéressants, tu pourras me demander. "

Il but une gorgée de son café.

Iadviga approuva d'un signe de téte, en disant:

"Je n'ai comme connaissance que ma colocataire, et le terme connaissance est méme un peu fort."

Elle but à nouveau une georgée de son cappucino, non peu contente d'avoir gardé l'art et la manière de ne pas se mettre de mousse au coin des lèvres, bien que cela ai peu d'importance.

Une petite télévision était accrochée en hauteur dans un angle de la salle, un flash d'informations se diffusait justement. Iadviga écouta d'un oreille vague, lorsqu'on annonça le meurtre d'un sénateur, ce dernier ayant été retrouvé décédé dans sa Rolls, et un complot pour de l'argent détourné était une des premières hypotèses des enquéteurs. Iadviga réprimanda un sourire amer, aux souvenirs des cadavres dans les voitures qui imprtauent tant à son père autrefois... Elle reporta son regard dans le fond de café qui lui restait puis releva les yeux vers Willia et dit:

"Merci, je n'hésiterais pas."

William terminait son café tout en écoutant Iadviga. Ceci fait, il posa la tasse, puis jeta lui aussi un oeil à la télévision. Il ne le garda pas longtemps en cete direction, car il n'en avait strictement rien à foutre de la mort d'un sénateur... des assassinats, y'en avait partout, tous les jours mais là on n'en parlait que parce que c'était un sénateur...

Il reporta son regard sur Iadviga, puis se leva.

" Bon, ben je vais te laisser, je crois. Si tu veux, on se revoit un de ces quatre, pour que je te fasse visiter. "

Il avait des choses à faire cet après-midi. Il jeta un nouveau regard au-dehors, il pleuvait toujours. Il espérait arriver rapidement à l'appartement.