James entendit sa collégue ranger ses affaires, il aurait voulu la retenir mais il en était bien incapable sans craquer devant elle, ce qu'il ne voulait pas. Il écouta et la remercia de lui proposer un tel service mais comme elle l'avait dit, il était discret et pudique sur sa vie privée et passée et donc ne parlerait surement avec personne, enfin pas maintenant, il ne se sentait pas encore près à faire ce pas... le pas qui permettait de parler de ses souffrances à quelqu'un pour pouvoir les oublier..
Oublier, voilà le mot qui fesait peur à James. Peur d'oublier celle qu'il aimait, d'oublier tout ces bons et mauvais moment passés avec elle, à rire, pleurer,s'engueuler... tout ses souvenirs qu'il était effrayé à l'idée de les perdre dans le mot passé.
Passé qu'on s'efforce de se souvenir mais aussi d'effacer de sa mémoire, passé qui nous fait souffrir parce qu'on s'en souvient, se souvient des blessures, des déchirures, des réconcilliations, des partages, des sentiments que l'on a peur de voir à jamais s'évaporer dans l'oublie, l'indifférence.
Cette indifférence qui nous fait souffrir au quotidien, que l'on redoute tous. Qui n'a jamais souffert, de ne pas se faire remarquer quand elle n'allait pas bien, laisser sur le coté parce qu'elle n'était pas comme les autres, de voir que les gens ne se souvenait plus des personnes disparus. Petit à petit, il ne devienne plus que murmure, nom prononcé à la lègére sans plus aucun sentiment, ni douleur. On veux oublier la souffrance de leur disparation mais au finale, on les oublie tout simplement. Un beau matin, on ne se souvient plus de leur voix, leur visage devient flou, leurs souvenirs deviennent brumeux.
Pour finir par se raccrocher aux objets qui nous rappellent ce passé qu'on s'est efforcé d'oublier: album photo, film, peinture, carnet secret... toute ses petites choses qui nous rappellent qui nous sommes et grace à qui, nous somme là et qu'il ne faut pas oublié...
Ce souvenir, si douloureux que James ne voulait pas oublié, était gravé à la date du 10 mai 2002. Jour où la fièvre trop importante avait emporté Anna avec elle. 'Plasmodium falciparum', voilà que lui avait dit les médecin, le 09 mai quand il était arrivé dans le petit dispensaire d'un village au Nord de Natilingou, avant de rajouter 'la malaria de la femme enceinte'. Ce jour là, il avait appris que Anna était enceinte mais aussi qu'elle ne mettrait jamais son enfant au monde. Il lui avait pourtant déconseillée de ne pas partir avec cette mission humanitaire, elle ne se sentait pas bien, avait des nausées et autre petits désagréments de femme enceinte, il en compris les raisons que plutard. Mais elle avait insisté et comme à chaque fois, il n'avait put lui résister et avait craqué devant ses yeux dans lesquels il se laissait perdre en toute confiance. Il ne pouvait l'accompagner pour cause de conférence dans une université du Nevada. Elle était donc partie seule au Bénin et s'était fait piqué par un moustique porteut du virus peu de temps après son arrivée. La maladie avait vite progressé et il n'avait pas les médicaments pour soigner une telle forme de la malaria, dans ce si petit village. Il ne put qu'assisté impuissant à la mort lente de sa fiancée, il passa la luit et l'aube à son chevet, à lui murmurer des mots doux pour la rassurer, lui montrer qu'elle n'était pas seule. Cette nuit-là, il lui promit de ne jamais l'oublier, qu'il la porterait toujours dans son coeur, qu'elle en occuperait toujours la place principale... mais dans un dernier souffle, elle lui avait dit, de continuer à vivre sa vie et d'être heureux...
L'anthropologue referma son casier après y avoir repris sa sacoche dans laquelle l'album photo était précieusement gardé. Il ramassa les affaires qui trainait sur la table et partit travailler dans sa salle de cours comme il le fesait à chaque fois qu'il n'allait pas bien... il se réfugiait dans le travail.